Simit : Le Célèbre Pain Turc au Sésame, Histoire et Recette Authentique

Le simit, ce petit pain en forme d’anneau doré, croquant sous la dent et parsemé de graines de sésame, est bien plus qu’un simple encas. C’est un symbole vivant de la culture turque, un morceau d’histoire que l’on croque à chaque bouchée. Présent aux coins des rues d’Istanbul comme sur les tables du petit-déjeuner, il traverse les époques sans jamais se démoder.

Dans ces lignes, nous allons décortiquer tout ce qui fait son charme : ses origines anciennes, sa fabrication unique, ses variantes régionales, et surtout, comment le réussir chez vous. Et bien sûr, vous allez comprendre pourquoi ce pain mérite une place dans votre cuisine.

Qu’est-ce que le Simit ? Une Identité Croustillante

Le simit est un pain circulaire, souvent confondu avec le bagel, mais avec une personnalité bien à lui. Sa croûte épaisse et croustillante contraste avec une mie moelleuse, et son enveloppe dorée de graines de sésame attire aussitôt le regard. Il se mange à toute heure, seul ou accompagné, et s’adapte à tous les appétits.

Pourtant, ce n’est pas qu’une question de texture. Le simit raconte une histoire de rue, de partage, de traditions populaires. Il est le compagnon du travailleur pressé, du promeneur matinal, du voyageur avide de découvertes.

Désormais, même en dehors de Turquie, on le trouve de plus en plus facilement. D’ailleurs, notre guide sur les spécialités turques peut vous aider à compléter votre panier gourmand.

Une Forme qui a du Sens

La forme annulaire n’est pas là par hasard. Elle permet une cuisson homogène, surtout lorsqu’il est cuit dans des fours à bois ou à charbon, comme c’était traditionnellement le cas. Cette forme facilite aussi la vente en chaîne : les vendeurs ambulants l’enfilaient sur de longs bâtons pour les transporter.

De plus, le cercle évoque l’infini, un symbole doux dans une culture où la nourriture est sacrée. Chaque simit, en ce sens, devient un petit rituel.

Les Ingrédients Simples, un Résultat Exceptionnel

La magie du simit réside dans sa simplicité. Farine, levure, eau, sel, sucre, matière grasse — voilà pour la base. Mais le secret ? Le trempage. Avant d’être enrobé de sésame, chaque anneau est plongé dans un mélange de pekmez (mélasse de raisin) et d’eau.

Ce bain donne au pain sa couleur brun doré, une légère douceur, et surtout, permet aux graines d’adhérer parfaitement. Sans ça, le simit perdrait son âme. Le pekmez, produit ancestral, est un trésor de la cuisine ottomane, encore utilisé dans de nombreuses recettes traditionnelles.

L’Histoire Secrète du Simit : Entre Légende et Réalité

Impossible de parler du simit sans remonter le temps. Son origine plonge ses racines dans l’Empire ottoman, il y a près de cinq siècles. On raconte qu’il aurait fait son apparition à la cour du sultan Soliman le Magnifique, vers 1525. Une légende ? Peut-être. Mais une légende bien ancrée.

À l’époque, les vendeurs ambulants, appelés *simitçis*, parcouraient les rues le soir, munis de lanternes, leurs bâtons chargés de ces anneaux dorés. Ils vendaient le simit aux travailleurs rentrant chez eux après le coucher du soleil, surtout pendant le Ramadan.

Aujourd’hui encore, cette image persiste. Même si les lanternes ont laissé place aux lampes frontales, les *simitçis* sont partout dans les grandes villes turques. Ils incarnent une tradition qui résiste au temps, malgré la modernité.

Un Pain qui Voyage

Le simit n’a pas attendu les réseaux sociaux pour conquérir le monde. Il s’est répandu bien avant, avec l’expansion ottomane. Dans les Balkans, en Grèce, en Arménie, il a été adopté, adapté, rebaptisé.

En Grèce, on l’appelle *koulouri*, vendu sur les marchés d’Athènes. En Bulgarie, c’est le *gevrek*. En Roumanie, le *covrig*. Chaque version a sa touche : parfois plus sucrée, parfois croustillante à l’excès, ou garnie de fromage.

Ces variations montrent à quel point une recette simple peut devenir universelle. Et ça, c’est le pouvoir de la cuisine : rapprocher les peuples, un pain à la fois.

Comment le Déguster ? Plusieurs Façons, Une Seule Vérité

Le simit est un aliment polyvalent. Il ne se limite pas à un seul moment de la journée. Il peut être léger ou copieux, sucré ou salé, selon vos envies.

Au Petit-Déjeuner, un Incontournable

En Turquie, le petit-déjeuner est une affaire sérieuse. Il s’étale sur une heure, parfois deux. Et le simit y tient une place de choix. Il est servi avec du fromage blanc frais (beyaz peynir), des olives, des tomates, des concombres, et bien sûr, une tasse de thé noir très fort.

Certains l’ouvrent en deux et y étalent de la confiture, du miel ou du *tahin* (purée de sésame). D’autres le trempent directement dans leur thé — une habitude qui fait grincer des dents les puristes, mais qui existe bien.

Ce moment est un rituel familial, lent, chaleureux. Le simit, dans ce cadre, devient bien plus qu’un aliment : il est un lien.

En Collation, un Remède Contre la Faim

Dehors, entre deux rendez-vous, le simit est le roi de la street food. Il coûte peu, se mange debout, et tient au corps. Les étudiants, les livreurs, les touristes — tout le monde en a un jour croqué un.

Il se déguste nature, ou garni de fromage fondu, de mortadelle, voire de pâte à tartiner. Dans certains cafés, on le sert chaud, directement sorti du four, avec une salade verte.

Et pour ceux qui veulent aller plus loin, notre recette de menemen pourrait bien compléter ce repas improvisé.

Pendant les Fêtes, un Symbole de Partage

Pendant le Ramadan, le simit est omniprésent. Il fait partie des plats servis pour rompre le jeûne, souvent accompagné de dates et de soupes comme l’ezoğelin. C’est un aliment pratique, nourrissant, et facile à distribuer.

Mais ce n’est pas qu’une question de praticité. Le simit, en tant que pain populaire, symbolise l’humilité, la simplicité, la générosité. Offrir un simit, c’est offrir quelque chose de sincère.

Recette du Simit Maison : Faire Comme en Turquie

Envie de reproduire l’authenticité chez vous ? C’est tout à fait possible, même sans four professionnel. Voici une version fidèle à la tradition, testée et approuvée.

Ingrédients (pour 10 simits)

• 750 g de farine de blé
• 350 ml d’eau tiède
• 1 cube de levure fraîche (40 g) ou 12 g de levure sèche
• 10 g de sucre
• 1 cuillère à café de sel
• 130 g de matière grasse végétale (margarine ou beurre clarifié)
• 130 g de pekmez (ou miel liquide en remplacement)
• 100 ml d’eau (pour le trempage)
• 200 g de graines de sésame

Étapes Clés

D’abord, activez la levure dans l’eau tiède avec le sucre. Laissez mousser 10 minutes.
Ensuite, ajoutez la farine, le sel, et la matière grasse. Pétrissez 10 à 15 minutes jusqu’à obtenir une pâte lisse et élastique.
Puis, couvrez et laissez lever 1h30 dans un endroit chaud. La pâte doit doubler de volume.

Une fois levée, dégazez-la. Divisez-la en 10 morceaux. Formez des boudins de 50 cm, pliez-les en deux, torsadez-les, puis façonnez un anneau. Soudez bien les extrémités.

Maintenant, mélangez le pekmez avec 100 ml d’eau. Trempez chaque anneau dedans, puis roulez-le généreusement dans les graines de sésame.

Enfin, préchauffez le four à 200°C. Disposez les simits sur une plaque. Enfournez 18 à 20 minutes, jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés.

Laissez refroidir sur une grille. Le croustillant idéal se développe en refroidissant.

Astuces pour Éviter les Écueils

• Pas de pekmez ? Utilisez du miel liquide. Moins traditionnel, mais ça marche.
• Pas de sésame grillé ? Faites-le revenir 2 minutes à sec dans une poêle.
• Trop dur à la cuisson ? Vérifiez la température de votre four. Un four trop chaud brûle l’extérieur sans cuire l’intérieur.
• Pas assez croustillant ? Essayez de baisser la température à 190°C et prolongez la cuisson de 5 minutes.

Où Trouver du Simit Authentique en France ?

Si vous n’avez pas le temps de le faire maison, pas de panique. De nombreuses boulangeries turques en proposent, surtout dans les grandes villes.

À Paris, Lyon, Marseille, ou Strasbourg, les épiceries orientales vendent souvent du simit frais, parfois même cuit le jour même. Certains supermarchés spécialisés, comme Tuna Market à Saverne, en proposent en version artisanale.

Et si vous êtes curieux de découvrir d’autres saveurs turques, visiter Bodrum ou Istanbul vous offrira une immersion totale, bien au-delà de la nourriture.

Questions Fréquentes sur le Simit